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Nashville

Mardi 23 décembre

2 h 45

— Oh, oui... Oui! Oui!

Charlotte se convulsa contre l'oreiller en jouissant. L'espace d'un instant divin, son esprit fut entièrement vide, puis le monde se reconstitua autour d'elle. Il faisait sombre dans la chambre, les lumières de la rue étaient assourdies par les épais rideaux de velours. Elle en avait eu pour son compte, ce soir, cela ne faisait aucun doute.

Après l'affreuse dispute avec son père, elle s'était sentie malade. Il en était sorti tellement affaibli... Elle ne supportait pas de le voir ainsi, vieux et brisé. Que ce soit mentalement ou physiquement, il n'était plus le robuste tueur qu'elle admirait autrefois.

Elle était sortie en claquant la porte et avait roulé un moment au hasard. Il lui fallait du temps pour réfléchir à ce que son père venait de lui dire. Il avait raison, le vieux renard. Troy ne se connaissait pas. Mais le traiter comme un subalterne non averti, c'était encore plus dangereux.

Le plan s'en allait à vau-l'eau ; c'était l'heure de limiter la casse. Les informations du soir confirmaient que le piège se refermait sur eux. Et puis, il se passait quelque chose au bureau ; elle sentait la situation lui échapper. Il n'était pas question de mettre son poste en danger. L'aventure avait été très amusante, mais le FBI lui offrait tout ce dont elle avait besoin. Elle n'était pas près d'y renoncer.

Pendant le trajet en voiture jusqu'à l'hôtel, elle s'était promis de ne plus jamais revoir celui que son père appelait son « apprenti ». Il échappait à son contrôle. Elle devait mettre en place un nouveau plan. Un plan dont elle serait l'héroïne.

La solution était évidente. Arrêter Troy n'était pas faisable. Elle devait le mer. S'il était pris vivant, il l'entraînerait dans sa chute. Sa mort ferait toute la différence. Elle avait avalé quelques pilules et comploté pendant une bonne heure, perdue dans un univers parallèle.

Ce ne serait pas difficile de les tuer tous les deux. Arrêter l'apprenti la rendrait célèbre. Le fait qu'elle soit la fille de Blanche-Neige ferait d'elle une légende vivante.

Elle avait repris un ecstasy et laissé son regard se perdre sur les guirlandes lumineuses qui ornaient les bâtiments autour de l'hôtel. Elle avait tout imaginé. Les gros titres, les interviews... Elle avait décidé de passer souhaiter un joyeux Noël à son vieux père malade, et l'avait trouvé couvert de sang et de viscères. Au fait, elle allait être obligée de tuer aussi la fille dans le grenier. Cette pensée l'excitait au plus haut point.

Cette nouvelle victoire allait la propulser vers le poste qu'elle convoitait, celui de chef de l'USC.

Un coup à la porte l'avait surprise. C'était Troy, bouleversé comme un enfant à qui on a montré un film d'horreur. Il lui avait promis que cela ne se reproduirait plus. L'avait suppliée de rester avec lui, de l'aider. En le voyant tellement penaud, et toujours aussi séduisant, elle avait décidé qu'une dernière partie de jambes en l'air ne pouvait pas faire de mal. Cela aurait été dommage de pas profiter des effets de l'ecstasy.

Ils avaient fait sauvagement l'amour; il avait plongé si fort en elle, et tellement de fois, qu'elle avait senti des bleus se former sur ses cuisses. Il lui avait promis de s'occuper d'elle tout le reste de sa vie. De faire tout ce qu'elle voudrait, du moment qu'elle ne le chassait pas. Il lui avait dit qu'il l'aimait, qu'il n'avait jamais rien ressenti de pareil.

Puis il lui avait refait l'amour en prenant son temps, en faisant toutes les choses qu'elle adorait, jusqu'à ce qu'elle se mettre à hurler son prénom.

A présent, la respiration de Charlotte redevenait normale. Peut-être pouvaient-ils trouver le moyen de s'entendre, tous les deux, après tout. Il était encore en elle, il la clouait contre le matelas comme un papillon contre un carré de liège.

— Laisse-moi me lever. Je veux faire ma toilette.

— Non, Charlotte. C'est moi qui la fais.

La lame était tellement aiguisée qu'elle ne la sentit pas tailler dans la peau tendre de son cou. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qui se passait, ce qu'il venait de faire. Le sale petit menteur... Ses yeux se remplirent de larmes, et elle tenta de hurler. Puis la douleur se fit sentir, enfin, et elle comprit que la plaie était tellement profonde que ses cordes vocales avaient été tranchées. Avec dégoût, elle sentit sa verge durcir en elle, et se rendit compte qu'il allait et venait de nouveau, qu'il jouissait en criant son nom alors même qu'elle s'éteignait.